L'hiver arrive à grand pas et avec lui l'envie de s'envoler vers des destinations plus chaudes ! La brique de terre n'a pas besoin de convaincre les africains de son efficacité : ils l'utilisent depuis des millénaires et sont ravis de tourner le dos à l'ère du béton qui a envahi l'Afrique depuis quelques décénies dans les grosses agglomérations. Pour le confort qu'elle procure face aux excès de chaleurs comme aux excès d'humidité pendant l'hivernage, aucun autre matériau ne rivalise avec la brique de terre crue compressée !
Eric est un ami français que nous avons connu chez nous, dans les Alpes de Haute-Provence, à Banon, où il possède l'une des plus anciennes maisons du village, près de l'église haute : il s'agit de l'ancien Hôtel Dieu. Il y accueille de nombreuses activités artistiques et culturelles, stages, expositions... lorsqu'il n'est pas en Afrique. Car c'est là-bas qu'il passe la majeure partie de sa vie depuis 40 ans, où il déploie son énergie au service du développement de projets économiques et culturels.
Cette fois-ci, c'est une expérience personnelle qui le motive. "Les Jardins de Tangor", c'est le développement d'un écohabitat au Sénégal : six maisons écologiques sans clôtures intérieures. Mais Eric en parle mieux que nous et nous vous conseillons de le rejoindre sur son blog : Les jardins de Tangor
Voici quelques extraits qui vous donneront sûrement l'envie d'en savoir plus ...
"Pour la petite histoire, tout est parti du souhait de Seydou Ba-Silvestre, le fils d’Eric Silvestre, chef cuisinier à l’Impérial Palace à Annecy, en France, d’avoir un pied à terre au Sénégal. Après avoir écarté l’idée d’acheter une maison ou un appartement à Dakar où tout devient cher et où, du fait de l’anarchie ambiante en matière d’urbanisme, autant que de surpeuplement, l’idée de construire en dehors de Dakar a été jugée beaucoup plus pertinente. Il restait alors à savoir où et le choix de Seydou et Eric s’est tout naturellement porté sur Thiès, à moins d’une heure de Dakar, à trente minutes du futur aéroport, de la mer au Sud et de la mer à l’ouest, et à deux bonnes heures de Saint Louis (et deux heures de plus pour Podor).
Le quartier s’appelle « Tangor », raison pour laquelle nous avons appelé notre résidence « les jardins de tangor ». Ce, sans avoir fait le lien avec « tang », qui, en wolof, signifie chaud ! Il est vrai que pendant la saison sèche, il y fait effectivement très chaud. Un temps 100% sahélien ! D’où la pertinence du choix d’une architecture écologique pour les maisons qui seront construites dans la résidence. Par contre, en saison des pluies (hivernage), il tombe des trombes d’eau qui dévalent sur le sol et ont provoqué deux fois la chute d’une partie importante de notre mur avant même qu’il ne soit achevé !
La recherche du terrain était sous tendue par une double stratégie : (1) ne pas tomber dans le travers habituel de la maison qui touche les quatre murs de clôture, et (2) acheter deux ou quatre parcelles pour que la maison respire et laisse de la place pour de la verdure. Un marabout bayfall de Thiès ayant mis en vente des centaines de parcelles à l’Ouest de la ville, du côté des collines de Mont Rolland, nous avons pris attache avec son agent pour acheter quatre parcelles. Jusque là tout était normal. Mais l’aventure des « jardins de tangor » allait prendre vie avec quelques amis qui se sont greffés sur le projet :
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Anne Jean Bart, une amie rhétaise qui vit au Sénégal a proposé d’acheter deux parcelles à côté de Seydou
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Eric Silvestre le père de Seydou, en a acheté une de plus, pour aménager une entrée dans la résidence, et
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Abel Ndong, un jeune cuisinier sénégalais qui officie à Podor, a acheté la huitième. Abel gère l’auberge du Tékrour, une autre aventure collective des mêmes Anne, Eric et Seydou, avec Najirou Sall, et Patrick et Michèle Scalbert, des amis français, qui ont acheté, ensemble, une maison précoloniale à Podor et l’ont transformée en maison d’hôtes. Pour en savoir plus, consultez le site : http://www.podor-rivegauche.com
Le vendeur ayant compris notre intention de construire, à plusieurs, une résidence originale, nous a conseillé d’acheter la zone, donc les douze parcelles contiguës, pour y être tranquilles, sans voisins. L’idée tenait la route et nous avons donc cherché deux comparses pour acquérir les quatre dernières parcelles.
Dans la résidence des « jardins de tangor », les maisons seront écologiques, il y aura des arbres, de la verdure, des capteurs solaires, des éoliennes, des maisons écologiques, autant que faire se pourra : au maximum un étage, des toitures en tuiles et des vérandas pour protéger les murs contre le soleil, comme aux Antilles ou comme les bonnes vieilles maisons coloniales (ils crevaient du palud, les anciens, mais aussi de chaud, donc ils avaient imaginé une architecture qui tirait le meilleur profit de l’ombre, du vent et des courants d'air !). Il y aura aussi des maisons avec des rez-de-chaussée enterrés, comme dans le M’Zab, pour conserver la fraîcheur, et d’autres avec des murs en géo béton (briques de terre stabilisée)."
C'est là que Didier intervient. Et le voilà heureux de repartir vers ces terres africaines qui lui manquent indubitablement dès qu'il s'en éloigne plus de 6 mois. Depuis le 15 octobre, il met en place une unité de production in-situ avec deux presses manuelles qu'il ramène de Warang, sur la Petite Côte, où la production s'est interrompue pendant l'hivernage.
Grace à Bachir, le responsable du chantier d'Eric et Babacar, un ami, Didier peut rapidement monter une équipe de travailleurs sérieux, avec lesquels il réalise 1600 briques en 2 jours et demi. Comme il devait rentrer en France pour passer les vacances avec ses enfants et assurer quelques commandes françaises en cours, il espère que ce petit stock suffira pour faire la liaison jusqu'à son retour prochain.
Suite de l'aventure donc très bientôt !
Affaire à suivre.